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 à propos 

Alcho

 Le cri doux du trait

 

Regardez…Doucement… laissez-vous happer dans l’espace qu’Alcho trace et compose d’un geste rapide, nécessaire… Qu’y rencontrerez-vous ? L’impalpable, la tremblante effusion flottante de formes vagabondes qui abordent et recouvrent les graphismes ordonnés d’une calligraphie personnelle.

Car l’univers des peintures d’Alcho nous parle de la rencontre  entre l’ordre sage, volontaire, la raison géométrique du trait premier organisant le réel, avec la déchirure, le chaos, la liberté qui inéluctablement imprègnent, séparent, traversent dans la puissance anarchique de la tâche ou du trait-colère. 

Les peintures d’Alcho ce sont des papiers et des toiles multiples, différents, animés chacun de leur propre vie. Et si l’on veut y entrevoir des élans communs, sans doute  sont-ils à chercher du côté de la quête du peintre laissant s’exprimer à travers la pulsion du geste des états intérieurs animés, semble-t-il, par de vivants contrastes : la liberté vagabonde et légère y rencontre la brutalité du trait-barreau, du trait-limite ; le rond, ludique perfection, y flotte à proximité du carré.

Et l’intention, me direz-vous… Quelle est-elle ? Dire, je crois… A bonne distance des langages codifiés. Dire à partir du jaillissement intérieur des formes. Et lire aussi … lire l’écho que suscite en nous la trace tout-à coup survenue sur le papier. De là nait un dialogue imprévisible dont le peintre est l’auteur mais aussi le témoin. Ouvrir des horizons, susciter des résonnances, réveiller des dissonances intimes.

Dans cet ensemble foisonnant, des « familles » de peintures s’assemblent autour d’une dominante, d’une couleur, d’une séquence temporelle. Les toiles « noires » magnifiques de profondeur, jaillissement de lumière, les toiles « ocres » porteuses de traces et d’empreintes, évocation d’un dialogue avec les formes fossiles et minérales ; les « blanches » énigmatiques et silencieuses, les « or et vermillon » toiles habitées de dialogues tourmentés de blessures…

Les papiers pour leur part composent un monde différent où la transparence domine, où les couleurs effleurent la feuille. Ils peuvent être rageurs et efficaces, couverts d’un tracé noir sans appel ; tendres et ludiques quand, parfois, surgissent deux petites formes humaines ou presque paisibles dans la dilution rêveuse d’une tâche de gouache.

Mais toujours ce qui ramène aux peintures d’Alcho, c’est la profondeur étrange qu’elles convoquent : ce sont des portes où le regard s’avance, que l’on franchit sans savoir. On s’aperçoit plus tard qu’elles nous ont emmenés loin, là-bas, à l’intérieur, par delà les limites du papier, de la toile ou du trait qui semblaient, pourtant, les circonscrire.

 

C.G

“Un tableau ne vit que par celui qui le regarde.” 

Pablo Picasso 
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